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  • Photo du rédacteurbymyhand

17 juin 2017 ... une nuit d'horreur

Dernière mise à jour : 11 août 2018

Voici la lettre que j'ai envoyée à ma famille, quelques jours après les feux:


Bonjour à tous, familles, amis,

J'espère que vous allez bien.

Je vous envoie le récit de notre nuit d'horreur afin que je n'ai plus à la raconter, je sais que c'est un long texte et vous ne connaissez pas les personnes que je mentionne, je ne vous oblige pas a le lire, je l'ai écrit dans une optique thérapeutique, pour moi même, afin de pouvoir passer à autre chose. Ne vous inquiétez pas, nous allons bien.

Veuillez excuser mon orthographe.



Dans l'après midi, on entend gronder le tonnerre, il fait lourd et un peu couvert. On entend passer les pompiers vers Goïs.

Vers 17h mes hommes, Fofie et moi arrivons au village, on voit des colonnes de fumées: du côté de Cha de Alvares et Pedrogao. 

Vers 20h on décide de rentrer a la maison, nous rencontrons Rita près de la caserne des pompiers qui nous dit de ne pas y aller, le feu qui a commence a Fonte de Limpa est en train de se diriger vers Alvares par la montagne. On décide d'aller rechercher le chat et nos papiers. Rita garde Sunny avec elle. 

Nous prenons le stricte minimum et revenons au village. mon fils est chez son parrain avec quelques enfants du village. La plupart des enfants pleurent, Simao est très inquiet, sa famille n'est toujours pas arrivée. On leur parle et arrivons à les rassurer.

Le feu se rapproche, on apprend qu'a Pedrogao c'est terrible et un autre feu a commencé près de Castanheira. 

Les pompiers sont en sous effectif, le feu est déjà hors contrôle. Le vent se lève et dirige le feu vers Gois et vers Pampilhosa (entre temps, un autre a démarré près de Pampilhosa) 

Les communications sont coupées, nous ne pouvons pas donner de nouvelles, nous n'avons de nouvelles de personne.

Les enfants jouent ensemble dans le garage chez parrain et quelques adultes restent avec eux. Un support pour les pompiers s'organise a la caserne, une équipe de volontaires préparent a manger, des boissons, des lits, Zeca va a Picha pour revenir avec de la nourriture et des boissons, puis retourne au café du village pour servir café, boissons fraîches et cigarettes aux pompiers. 



le 17 juin vers 21.00

Le feu a traversé la montagne a cha et a rejoint les villages alentours.

Vers 2h du matin, on parvient a mettre les enfants au lit et décidons de nous coucher aussi. Mon mari reste près de la caserne pour suivre l'avancée.

Le vent tourne.

3h du mat, J'entends la voisine crier dans la rue, me lève et ouvre la porte d'entrée: l'horreur, les flammes sont énormes,juste de l'autre côté du pont, près du cimetière, je sors, me tourne vers la maison de repos, la montagne, a côté de la rivière brûle, je me retourne, c'est en feu derrière la maison, je rejoins mon mari, et décidons de réveiller tout le monde pour aller nous réfugier a la caserne. Nous rejoignons quelques familles, des personnes âgées, des enfants, on essaye de remettre les enfants au lit. Le spectacle est horrible, les pompiers sont dépassés, on entend dire qu'il n'y a plus d'eau, on est encerclé, le feu brûle de tous côtés, il commence a descendre du cimetière vers la caserne, passe la route et se dirige sur le hameau d’accoté. Un pompier nous dit « votre terrain brûle! »


vue de chez les pompiers vers 4h du matin

Vers 5h Zeca revient me montrer des photos de chez nous, la maison est debout, intacte. Je n'en reviens toujours pas des risques qu'il a pris juste pour nous rassurer. Quel soulagement. Merci Zeca

Il n'y a qu'une chose a faire, attendre, attendre que ca passe, que le feu ai brûlé tout ce qu'il y a brûler.

Le feu s'est arrêté derrière les maisons, tout autour du village. Heureusement, pas une n'a été touchée.

Avec le levé du jour, les dernières flammes s'estompent. Tout à brûlé 


vue de la caserne des pompiers vers 7h du matin le 18 juin 17

Les enfants ont joué et ont été très courageux toute la nuit. 

Vers 8h du matin, on décide de rentrer au village pour se reposer. 

on dors quelques heures puis allons prendre des nouvelles chez les pompiers, le feu n'est pas contrôlé, il passe d'une vallée à l'autre, la fumée cache le soleil, il fait lourd, chaud. Les secourent s'organisent, les équipes de pompiers arrivent de partout. Les pompiers défilent à la caserne pour se reposer, manger, reprendre des forces. Nous aidons Fatima à organiser et servir les repas. Les enfants restent au village. Vers 17h Papy et Mamy prennent le chemin de Lisbonne, leur avion part le lendemain. Ils feront bon voyage.

On capte un peu de réseau près de la maison de repos, on parvient à prévenir nos familles et amis que nous allons bien. Et les messages arrivent nous rassurant sur la situation de chacun.

on décide d'aller voir chez nous, la zone est sécurisée. La route qui mène chez nous ressemble à un scénario de fin du monde, quelques petits foyers sont toujours ardents, des poteaux de téléphone se consument le long de la route. Le chemin qui mène à notre terrain ne présage rien de bon tout est noir, carbonisé, on peut voir que le feu est venu des deux côtés de la montagne. Arrive au pont, il fait vert, les nerpruns n'ont pas brûlés, entre notre chemin d'accès à la maison jusque la rivière, tout est sauvé! Quelques bonnes surprises: la serre est intacte, la caravane aussi, notre maison, la douche entière, la cuisine extérieure tout est la. Et miracle, notre coq et notre poule sont en vie, le jardin est intact. Plus tard, Rui et Nuno vont arroser les bords du terrain avec un tank de 1000 litres sur le tracteur, merci Nuno. 

Nous avons perdu des mètres et des mètres de tuyaux en plastic, un tank d'eau, une cabane à outils, et d'autres petites choses... Rien a vrai dire! Notre ruche est toujours la, il y a des abeilles, nous irons voir les dégâts plus tard.



le feu s'est arrêté aux portes du jardin

on ne s'explique pas pourquoi notre habitation n'a pas brûler


terre brûlée

table fondue

ce n'est pas de la neige... de la cendre

Dimanche soir, on se mets au lit tôt mais au moindre petit bruit on se relève, on va Vérifier dehors que tout à bien. Il y a toujours beaucoup de fumée. 

Lundi matin, les enfants n'ont pas trop mal dormi.  ça fume toujours, ça brûle toujours, les pompiers défilent à la caserne, ils sont exténués. On commence à entendre parler de morts, de blessés, de villages détruits, laissant des familles entières dans le deuil, sans abris, nous nous sentons chanceux.

Nous savons aussi que ce qui a sauvé la partie en bas de notre terrain sont les arbres indigènes que nous avons laisse ( chênes, sureaux, nerpruns, saules,...) la rivière, la situation des constructions... Mais nous sommes inquiets, nous devons repenser le design des pentes, elles sont raides, il faut les aménager afin que les terres et les pierres restent en place. Nous craignons les premières grosses pluies, elles pourraient balayer tout vers le bas du terrain et donc sur les maisons! Nous savons déjà que cela va engendrer de grosses dépenses mais c'est nécessaire et nous devons le faire bien!

Le plus urgent et de reconnecter l'eau! on tente de réparer la ram pump (pompe bélier) a plusieurs reprises, ils remplacent le tank et le place plus haut sur le terrain, après quelques jours d'ajustements, cela fonctionne, bien joué, les gars! le lendemain, la pluie arrive, déjà! 

Il ne tombe que quelques gouttes sur Alvares, mais des trombes d'eau noire dévalent les rus et les rivières! inondant les parcs pour enfants, les jardins et pelouses du village. Notre cascade d'hiver coule à flot, l'eau est noire, cela sent la suie, la fumée mouillées, la terre brûlée. 



inondation d'eau et de cendres

inondation d'eau et de cendres

Les tuyaux de la pompe se bouchent et celle ci s'arrête... Il n'y a plus qu'à tout recommencer! Quelques jours après, lorsque l'eau s'éclaircit, on parvient à la remettre en route! Nous devons encore attendre que les tanks se remplissent pour avoir l'eau à la maison. 


Autant d'émotions qu'il faut gérer les unes a la suite des autres, alors, ne m'en veuillez pas si je n'ai plus envie d'en parler. Je répondrai à vos questions mais je n'ai plus envie de raconter cette nuit la.

je vous remercie de m'avoir lu jusqu'au bout 

Et encore une fois, ne vous inquiétez pas, nous allons bien


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